RENCONTRES DE L'AFMDC

QUATRIÈMES RENCONTRES DE L'AFMDC

TROISIÈMES RENCONTRES

DE L'AFMDC

2èmes RENCONTRES DE L'AFMDC

vendredi 29 octobre 2021

avec



Joëlle MAZET

Ex-professeur au CNSMD de Paris

Professeur au Ballet national de Chine


Agnès LETESTU

Danseuse Étoile de l'Opéra national de Paris

Master Class et entretiens



Clément HERVIEU-LÉGER

de la Comédie Française

« LE THÉÂTRE ET LA DANSE »



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Premières « RENCONTRES » avec Élisabeth Platel, Gilbert Mayer, Jean-Guillaume Bart et Joëlle Mazet

À deux reprises, la revue « Danser » a bien voulu passer des communiqués concernant l'AFMDC. En effet nous n'étions pas sûrs de pouvoir proposer notre stage pédagogique traditionnel de Toussaint. À la rentrée de septembre Mademoiselle Platel nous a annoncé que nous pouvions à nouveau être accueillis à l'École de Danse de l'Opéra de Paris, mais bien sûr avec un nombre limité de participants. Après une réunion de tous les membres du Bureau, nous avons opté pour deux journées culturelles qui permettraient aux adhérents d'assister à des conférences, de voir un ou deux cours de pédagogie et de regarder plusieurs films dans la belle salle Lifar de l'École de danse. Nous avons donc annoncé la naissance de ces premières « Rencontres de l'AFMDC ».

Le matin du vingt octobre, les membres du Bureau ont retrouvé l'École de Danse à Nanterre avec grand plaisir et ont accueilli vingt-cinq adhérentes, tout heureuses de vivre cette nouvelle aventure. Après avoir pris place dans la salle, elles attendent le début des « Rencontres », et c'est Gilbert Mayer qui ouvre le bal avec une conférence illustrée qui a pour titre « L'évolution du Ballet de l'Opéra de Paris de Louis XIV à nos jours ». L'assistance est très intéressée en apprenant quantité d'anecdotes et d'événements concernant notre bel Art. Les projections magnifiques étoffaient encore les dialogues du conférencier. Gilbert Mayer a beaucoup de conférences à son actif actuellement. Après avoir réalisé sa belle carrière de Premier Danseur de l'Opéra de Paris, il a dispensé son enseignement et sa pédagogie au Ballet de l'Opéra et à l'École de Danse où il a été professeur pendant trente et un ans ! Hors les murs, il a été invité à donner des cours dans de nombreuses compagnies et théâtres du monde entier ... Grâce à sa pédagogie et à ses conférences, il sera un peu la « mémoire « de la vie de l'Opéra de Paris pour les futures générations de danseurs, de répétiteurs et maîtres de ballet.

En début d'après midi Élisabeth Platel, directrice de l'École de Danse de l'Opéra fait son entrée dans la Salle Lifar et nous fait savoir qu'elle souhaite évoquer sa pédagogie personnelle par rapport à l'école qu'elle dirige. Elle a compartimenté son propos en trois volets, son découpage est très intéressant et on ressent toute la réflexion et l'expérience qu'elle a accumulée pour chaque classe de cette prestigieuse école qu'elle dirige depuis seize ans. Elle a insisté sur l'importance du placement chez les enfants, principalement sur la position des bras en première position bien arrondie devant soi et s'ouvrant vers une seconde des bras avec les épaules dégagées, les bras bien allongés, les coudes soutenus et les mains dans la continuité. Son échange avec les adhérentes fut chaleureux, elle leur a bien expliqué qu'elle doit résoudre certains problèmes que rencontrent tous les professeurs et directeurs d'écoles de danse et de conservatoires. Elle a ainsi rassuré et encouragé certains professeurs qui se sentent souvent isolés. Cette conférence fut un vrai privilège pour les adhérentes présentes et pour l'AFMDC.

À son tour, Jean Guillaume Bart, Étoile et professeur du Ballet de l'Opéra de Paris, nous propos une conférence illustrée sur « Les variations du temps passé ». Il s'agit d'un documentaire au cours duquel le grand danseur Étoile Michel Renault accompagne dans l'Opéra Mademoiselle Mauricette Cébron jusqu'à la fameuse Rotonde, afin qu'elle montre et corrige plusieurs variations qu'elle a dansées pendant sa carrière. Ces variations ont complètement disparues du répertoire. Les chorégraphies - créées entre 1880 et 1914 - sont pour la plupart extraites de ballets d'opéras qui ne sont plus programmés depuis des lustres. Jean-Guillaume Bart a fait beaucoup de recherches, il a retrouvé certains titres et parfois le nom de l'ouvrage dont elle sont extraites. Nous en avons vu six qui ont été filmées voici quelques années, et qui nous ont permis d'admirer trois magnifiques danseuses de l'Opéra de Paris possédant totalement notre « École française » qui ont interprété avec tout leur métier ces belles variations. Ces ballerines sont dans l'ordre de passage : Fabienne Cerutti, Florence Clerc et Karine Averty. Ce fut un moment privilégié très bien présenté par Jean Guillaume Bart qui, entre chaque projection, nous donnait des précisions sur le chorégraphe et sur l'époque où cette variation avait été dansée, ainsi que le nombre très inégal de représentations que chaque variation avait eu. On a pu constater que ces variations étaient assez techniques mais dansées avec fluidité et belle présence artistique. Merci d'avoir remis à jour ce film oublié qui avait été présenté il y a quelques années par Patrick Bensard à la Cinémathèque de la Danse.

Le deuxième jour des « Rencontres » nous permet de retrouver Joëlle Mazet qui nous propose sa pédagogie toute personnelle très appréciée de ses adeptes. Elle est accompagnée de deux adhérentes-exemples qui écoutent avec ferveur tout ce qu'elle leur explique, quelquefois étonnées de réaliser facilement des exercices qui soudain les rendent plus souples et plus légères. Joelle Mazet a distribué à toute l'assistance des planches anatomiques qui ont beaucoup aidé les spectateurs à suivre ses explications leur permettant d'élargir leurs connaissances. Avec sa belle silhouette, Joëlle montre et exécute chaque exercice elle-même, prouvant que tout est possible et facile lorsqu'on aborde simplement et logiquement ce qui est demandé. Le parcours de Joelle Mazet est impressionnant : pendant sept ans elle enseigne à New York. Ensuite elle rejoint le CNSMD de Paris où elle reste quinze ans. Après, elle est invitée en Chine à la Beijing Dance Academy et rejoint le Ballet National de Chine à Pékin. Elle donne des cours de pédagogie à la compagnie et aux professeurs et donne également ses cours à Canton. Sa période en Chine représente douze ans de sa vie ... Pendant le cours qu'elle a donné à l'AFMDC, les personnes qui la voyaient pour la première fois semblaient très intéressées et ceux qui la connaissait déjà étaient absolument ravis de retrouver cette méthode qui a donné au fil des ans de si bons résultats. Ainsi s'est achevée cette deuxième matinée. L'après-midi sera consacré à l'hommage à Zizi Jeanmaire.

Claudette Scouarnec

HOMMAGE À ZIZI JEANMAIRE

La difficulté des temps que nous traversons à travers les impératifs sanitaires qui s'imposent à l'Europe ont brouillé le départ à quatre vingt-seize ans en juillet dernier de Zizi Jeanmaire, empêchant toute cérémonie de deuil à laquelle le public aurait pu s'associer. C'est pour réparer ce regrettable état que l'AFMDC avait décidé de lui rendre un « Hommage » dans le cadre de ses « Journées de Rencontres » qui se sont déroulées fin octobre à l'Ecole de danse de l'Opéra national de Paris.

Retirée en Suisse depuis vingt ans, les jeunes générations n'ont pas vécu les frissons qui parcouraient les salles où cette artiste complète soulevait des applaudissements sans fin. Sa carrière commencée à l'Ecole de danse s'est déroulée au côté de son mari, Roland Petit à qui elle a donné le génie et la force pour des créations interprétées avec succès sur les cinq continents. Inspirant les plus grands auteurs comme Boris Vian ou Serge Gainsbourg, elle a fasciné les plus illustres artistes de l'après-guerre, dansant avec Gene Kelly ou Rudolf Noureev, emportant dans son sillage des partenaires inoubliables au Casino de Paris ou au Ballet de Marseille comme Félix Blaska, Jacques Dombrovski, Rudy Bryans, Denys Ganio ou Luigi Bonino. Elle était aussi pour Yves Saint-Laurent une figure iconique qu'il habillait dévotement.

Accueilli dans le vestibule de l'École par une superbe exposition de photographies organisée par Francette Levieux, le public gagnait ensuite la salle pour voir un habile programme préparé par Jacques Namont qui avait obtenu l'autorisation de présenter des documents filmés exceptionnels. Grâce au travail minutieux d'un montage intelligent et percutant de Vincent Naigeon, les personnalités présentes ont pu pendant un après-midi retrouver l'énergie et la générosité d'une artiste hors du commun dont l'éventail des talents allait de la Danse classique à la chanson en passant par le music-hall et le théâtre. Entre deux séquences de films, le premier construit autour d'une longue interview de l'artiste rappelant sa carrière de danseuse et illustrée de longs passages de ses nombreuses créations expliquées directement par leurs protagonistes, et le second attaché à rappeler la chanteuse et la meneuse de revues, j'ai eu l'honneur d'animer une table ronde où six personnes ayant connu ou travaillé avec « Zizi » avaient pu répondre présentes pour une heure de conversation permettant d'évoquer leurs souvenirs.

Le premier à parler, Jean-Pierre Toma (Danseur Étoile de l'Opéra), fut l'un de ses tous premiers partenaires au Théâtre de Paris en 1956 lors de la revue imaginée par Roland Petit. Il devait nous émouvoir par la lecture d'un très beau texte écrit à cette époque et décrivant la sensibilité et les performances techniques démontrées par cette artiste. Ensuite, Gilbert Mayer, reconnu comme le grand pédagogue du Ballet de l'Opéra, a rappelé le travail qu'il faisait avec Elle régulièrement tout au long de sa carrière pour ses remises en formes en plus des cours quotidiens pris chaque jours auprès de Raymond Franchetti. Il a souligné l'importance de son acharnement au travail et sa volonté de recommencer sans cesse des exercices pour arriver à la perfection.

Catherine Morelle qui était à ses côtés au Casino de Paris a rappelé ce besoin de travail même pendant les vacances de la troupe et comment Zizi lui demandait avec humilité de la corriger, elle qui commençait à peine sa carrière ! Jacques Dombrovski a ensuite parlé des premiers spectacles des années soixante où, comme son partenaire, il a ressenti la profondeur de réflexion qu'elle apportait à ses interprétations. L'évolution lente des personnages à incarner, les différentes couleurs donnés à ses rôles, l'importance d'une osmose soudaine entre les interprètes. Ce furent des mots remplis d'émotion qui ont bouleversé l'auditoire.

Jacques Namont est revenu sur cette volonté permanente émise par exemple afin de retrouver la possibilité de danser après un grave accident survenu en répétition. Il la fera travailler tous les jours à Paris, puis à Marseille alors qu'il quittait sa carrière de Premier danseur de l'Opéra à l'invitation de Roland Petit qui lui avait demandé de prendre la direction de l'École nationale de danse. Cela démontrait aussi le souci d'une formation classique pour toutes les formes d'expressions dansées que soutenait Zizi.

J'ai ensuite pu évoquer le spectacle organisé par Florence Faure (ancienne Étoile du Ballet de Marseille) au Théâtre de Vevey à l'automne 2019 où étaient une centaine d'amis qui avaient voulu lui offrir pour ses quatre-vingt quinze ans un patchwork de ses plus grands rôles interprétés par des solistes du Ballet de Rome sous la direction de Eleonora Abbagnato (Étoile de l'Opéra de Paris et directrice du Ballet de l'Opéra de Rome) et de Luigi Bonino. Présente à cette occasion et émue par la ferveur de ceux qui l'entouraient, Zizi Jeanmaire malgré d'énormes difficultés pour se déplacer après être montée sur scène s'était mise à chanter naturellement avec une jeunesse de voix, une clarté de diction qui bouleversa l'auditoire en rappelant les années de gloire qui n'avaient pas disparu ... C'était Elle soudain qui nous rendait hommage. Ce furent vraiment ses derniers « adieux à la scène » dans un éblouissement d'amour !

Présente ce même jour, Ariane Dolfuss a ensuite raconté les rendez-vous qui lui furent accordés pour lui permettre d'écrire le livre qu'elle préparait sur l'Artiste. Cinq jours magiques en hiver où trois heures durant elle a pu converser pendant que Zizi allongée dans son lit égrenait des souvenirs. La Covid devait interrompre ces rencontres ... Elle a donc été la dernière de notre compagnie à l'admirer et à saisir ses désirs de Mémoires : principalement rappeler l'amour fusionnel qui l'avait uni à Roland Petit. C'est donc dans un livre à paraître que le message nous sera transmis ... Cette journée des Rencontres de l'AFMDC devait se terminer par un ultime film, le fameux « Truc en plume », dont la géniale interprétation occulte trop souvent aujourd'hui aux yeux du public la richesse d'une carrière unique au panthéon de la Danse.

Richard Flahaut