Premières « RENCONTRES » avec Élisabeth Platel, Gilbert Mayer, Jean-Guillaume Bart et Joëlle Mazet
À deux reprises, la revue « Danser » a bien voulu passer des communiqués concernant l'AFMDC. En effet nous n'étions pas sûrs de pouvoir proposer notre stage pédagogique traditionnel de Toussaint. À la rentrée de septembre Mademoiselle Platel nous a annoncé que nous pouvions à nouveau être accueillis à l'École de Danse de l'Opéra de Paris, mais bien sûr avec un nombre limité de participants. Après une réunion de tous les membres du Bureau, nous avons opté pour deux journées culturelles qui permettraient aux adhérents d'assister à des conférences, de voir un ou deux cours de pédagogie et de regarder plusieurs films dans la belle salle Lifar de l'École de danse. Nous avons donc annoncé la naissance de ces premières « Rencontres de l'AFMDC ».
Le matin du vingt octobre, les membres du Bureau ont retrouvé l'École de Danse à Nanterre avec grand plaisir et ont accueilli vingt-cinq adhérentes, tout heureuses de vivre cette nouvelle aventure. Après avoir pris place dans la salle, elles attendent le début des « Rencontres », et c'est Gilbert Mayer qui ouvre le bal avec une conférence illustrée qui a pour titre « L'évolution du Ballet de l'Opéra de Paris de Louis XIV à nos jours ». L'assistance est très intéressée en apprenant quantité d'anecdotes et d'événements concernant notre bel Art. Les projections magnifiques étoffaient encore les dialogues du conférencier. Gilbert Mayer a beaucoup de conférences à son actif actuellement. Après avoir réalisé sa belle carrière de Premier Danseur de l'Opéra de Paris, il a dispensé son enseignement et sa pédagogie au Ballet de l'Opéra et à l'École de Danse où il a été professeur pendant trente et un ans ! Hors les murs, il a été invité à donner des cours dans de nombreuses compagnies et théâtres du monde entier ... Grâce à sa pédagogie et à ses conférences, il sera un peu la « mémoire « de la vie de l'Opéra de Paris pour les futures générations de danseurs, de répétiteurs et maîtres de ballet.
En début d'après midi Élisabeth Platel, directrice de l'École de Danse de l'Opéra fait son entrée dans la Salle Lifar et nous fait savoir qu'elle souhaite évoquer sa pédagogie personnelle par rapport à l'école qu'elle dirige. Elle a compartimenté son propos en trois volets, son découpage est très intéressant et on ressent toute la réflexion et l'expérience qu'elle a accumulée pour chaque classe de cette prestigieuse école qu'elle dirige depuis seize ans. Elle a insisté sur l'importance du placement chez les enfants, principalement sur la position des bras en première position bien arrondie devant soi et s'ouvrant vers une seconde des bras avec les épaules dégagées, les bras bien allongés, les coudes soutenus et les mains dans la continuité. Son échange avec les adhérentes fut chaleureux, elle leur a bien expliqué qu'elle doit résoudre certains problèmes que rencontrent tous les professeurs et directeurs d'écoles de danse et de conservatoires. Elle a ainsi rassuré et encouragé certains professeurs qui se sentent souvent isolés. Cette conférence fut un vrai privilège pour les adhérentes présentes et pour l'AFMDC.
À son tour, Jean Guillaume Bart, Étoile et professeur du Ballet de l'Opéra de Paris, nous propos une conférence illustrée sur « Les variations du temps passé ». Il s'agit d'un documentaire au cours duquel le grand danseur Étoile Michel Renault accompagne dans l'Opéra Mademoiselle Mauricette Cébron jusqu'à la fameuse Rotonde, afin qu'elle montre et corrige plusieurs variations qu'elle a dansées pendant sa carrière. Ces variations ont complètement disparues du répertoire. Les chorégraphies - créées entre 1880 et 1914 - sont pour la plupart extraites de ballets d'opéras qui ne sont plus programmés depuis des lustres. Jean-Guillaume Bart a fait beaucoup de recherches, il a retrouvé certains titres et parfois le nom de l'ouvrage dont elle sont extraites. Nous en avons vu six qui ont été filmées voici quelques années, et qui nous ont permis d'admirer trois magnifiques danseuses de l'Opéra de Paris possédant totalement notre « École française » qui ont interprété avec tout leur métier ces belles variations. Ces ballerines sont dans l'ordre de passage : Fabienne Cerutti, Florence Clerc et Karine Averty. Ce fut un moment privilégié très bien présenté par Jean Guillaume Bart qui, entre chaque projection, nous donnait des précisions sur le chorégraphe et sur l'époque où cette variation avait été dansée, ainsi que le nombre très inégal de représentations que chaque variation avait eu. On a pu constater que ces variations étaient assez techniques mais dansées avec fluidité et belle présence artistique. Merci d'avoir remis à jour ce film oublié qui avait été présenté il y a quelques années par Patrick Bensard à la Cinémathèque de la Danse.
Le deuxième jour des « Rencontres » nous permet de retrouver Joëlle Mazet qui nous propose sa pédagogie toute personnelle très appréciée de ses adeptes. Elle est accompagnée de deux adhérentes-exemples qui écoutent avec ferveur tout ce qu'elle leur explique, quelquefois étonnées de réaliser facilement des exercices qui soudain les rendent plus souples et plus légères. Joelle Mazet a distribué à toute l'assistance des planches anatomiques qui ont beaucoup aidé les spectateurs à suivre ses explications leur permettant d'élargir leurs connaissances. Avec sa belle silhouette, Joëlle montre et exécute chaque exercice elle-même, prouvant que tout est possible et facile lorsqu'on aborde simplement et logiquement ce qui est demandé. Le parcours de Joelle Mazet est impressionnant : pendant sept ans elle enseigne à New York. Ensuite elle rejoint le CNSMD de Paris où elle reste quinze ans. Après, elle est invitée en Chine à la Beijing Dance Academy et rejoint le Ballet National de Chine à Pékin. Elle donne des cours de pédagogie à la compagnie et aux professeurs et donne également ses cours à Canton. Sa période en Chine représente douze ans de sa vie ... Pendant le cours qu'elle a donné à l'AFMDC, les personnes qui la voyaient pour la première fois semblaient très intéressées et ceux qui la connaissait déjà étaient absolument ravis de retrouver cette méthode qui a donné au fil des ans de si bons résultats. Ainsi s'est achevée cette deuxième matinée. L'après-midi sera consacré à l'hommage à Zizi Jeanmaire.
Claudette Scouarnec